“Hey Elon Musk, il faudrait peut-être demander à vos équipes de se pencher sur le problème de la Lune qui a trompé le système de pilote automatique ? La voiture pense que la Lune est un feu orange et a voulu ralentir », c’est ce qu’a déclaré un utilisateur Tesla. Alors qu’il avait activé le pilote automatique de sa voiture, celle-ci a commencé à ralentir sans raison apparente en pleine ligne droite sans danger précis.Après avoir tenté de comprendre cette anomalie jusque-là inconnue, le conducteur s’est aperçu que, ce soir-là, la lune était particulièrement basse et jaune. Les capteurs du pilote automatique ont donc cru détecter un feu de signalisation orange, commandant à la Tesla de ralentir.L’autopilote Tesla est ainsi une innovation discutable. En effet, en 2014, Elon Musk surprend l’industrie de l’automobile en créant un outil avec des capteurs et des logiciels promettant à ses consommateurs une expérience de conduite quasi inactive. Néanmoins, certaines zones d’ombre autour de l’autopilote Tesla restent à éclaircir.De ce fait, on est en droit de se demander si l’Autopilote Tesla est vraiment source de sécurité. Pour répondre à cette question, nous parlerons tout d’abord du discours de Tesla qui assure la sécurité de son autopilote. Nous exposerons ensuite les limites de ce système révolutionnaire. Et enfin, nous aborderons les axes d’amélioration afin de rendre l’Autopilote Tesla plus sûr. Tesla défend son autopilote et assure la sécurité : Un système qui n’est pas entièrement autonome mais totalement assumé par l’entreprise.Mettons directement les choses au clair sur la notion d’autopilotage Tesla : ce n’est pas un pilote automatique mais un ADAS (advanced driver-assistance systems ou en français “système avancé d’aide à la conduite”). Cela signifie que ce système est partiellement autonome donc le conducteur est tenu de garder un contact régulier avec les commandes. Dans le cas où le système détecte l’absence prolongée du conducteur, la voiture s’arrête automatiquement.Il s’agit donc plutôt d’un mélange de matériel de haute technologie, de technologie de l’intelligence artificielle et de logiciels informatiques de pointe. Le système reçoit également des mises à jour régulières. On aperçoit sur la photo ci-dessous, l’image que reçoivent les conducteurs de leur tenue de route. Tout est indiqué, les routes, les panneaux, les voitures et les passagers aux alentours.
(Vision du conducteur sur son parcours)
Quelques chiffres sur les accidents de la route : selon l’OMS, 1,3 million de décès sont causés chaque année par des accidents de la route. Tesla admet que son système ne peut pas prévenir tous ces accidents dévastateurs mais il affirme que son système pourrait sauver jusqu’à 900 000 vies si le niveau de sécurité actuel des véhicules Tesla était appliqué à grande échelle.De plus, le PDG de Tesla, Elon Musk, a toujours déclaré à ses consommateurs que le système d’autopilotage ne sera jamais “parfait”. Ce qui signifie qu’un conducteur n’est pas censé retirer ses mains du volant lorsque le pilote automatique est en marche, et que s’il le fait, il reçoit un avertissement du système.Enfin, Elon Musk est très attaché au système de pilotage automatique mis au point par son entreprise. Dans bon nombre de ses entrevues et de ses événements, il a mentionné à maintes reprises que des millions de personnes meurent chaque année dans des accidents de la route et a noté que le pilote automatique peut réduire considérablement ces chiffres.
La voiture et son pilote autonome : un concentré de haute technologie
Une technologie intelligente qui repose sur l’IA, elle évolue continuellement et passe par diverses étapes de développement qui incluent à la fois des mises à niveau logicielles et matérielles. Les voitures Tesla sont équipées de 12 capteurs ultrasoniques, de radars qui captent les lignes de la route et les voitures aux alentours. 8 caméras sont disposées tout autour de la voiture pour avoir une vue à 360 degrés. Tesla affirme que ses ordinateurs ont une vitesse de traitement des données 40 fois plus élevée que les systèmes précédemment développés. Le pilote automatique est donc bien équipé pour prendre rapidement des décisions sur la route afin d’éviter tout incident.
Sur son site internet, il est mentionné que, comparé à un pilote humain, le pilote automatique peut percevoir le monde d’une manière beaucoup plus détaillée. Par exemple, l’entreprise note que lorsque les humains conduisent une voiture, ils ne peuvent pas voir dans toutes les directions à la fois. En attendant, leur pilote automatique est capable de se concentrer sur des éléments dans toutes les directions et ce tout en conduisant, et peut également détecter des longueurs d’onde et des fréquences qui sont impossibles à détecter pour des humains.
Le dernier rapport de Tesla sur la sécurité des véhicules suggère qu’au cours du premier trimestre de 2021, un seul accident a été signalé pour chaque 6,74 millions de kilomètres parcourus par le pilote automatique Tesla.
Mais ce dernier comporte plusieurs limites à différents niveaux, posant problème notamment au niveau juridique.
Ce système n’est cependant pas parfait et fait l’objet de beaucoup de critiques. En plus des quelques défaillances techniques observées sur le système Autopilot, la législation semble être claire mais laisse cependant les utilisateurs dans le flou.
Le conducteur n’est pas responsable si c’est le système de conduite automatique qui contrôle le véhicule au moment de l’accident. Dans ce cas, le constructeur du véhicule est responsable et redevable pécuniaire de l’amende. Toutefois, le conducteur doit être en état et en position de reprendre le contrôle du véhicule si le système le lui demande. Le conducteur est cependant responsable s’il n’obéit pas aux indications des forces de l’ordre ou s’il ne respecte pas les règles de priorités des véhicules type ambulance, etc. Dit comme cela, la loi paraît claire. Toutefois, comment savoir qui était au contrôle de la voiture ?
La potentialité de problèmes techniques fausse cette loi. En effet, si une Tesla est capable de reconnaître un feu orange en voyant la lune, il n’est pas impossible qu’elle ait les commandes de la voiture sans pour autant le mentionner dans une quelconque base de données. Un peu plus rare mais pas pour autant impossible, si quelqu’un pirate votre voiture lorsque vous êtes au volant, vous serez considéré comme responsable à tort.
La législation autour des voitures autonomes n’est pas mal pensée, elle est incomplète. Trop de cas n’ont pas été envisagés par la loi, et c’est ce qui cause du tort à l’Autopilote Tesla.
De nombreuses failles ont notamment été observées et plus précisément, des problèmes technologiques.
En effet, en s’appuyant sur des caméras, le système Autopilote de Tesla est sujet à des défaillances potentielles causées par des conditions d’éclairage difficiles, telles que l’éblouissement et l’obscurité. Des défaillances qui seraient donc préoccupantes lorsque ce dernier est activé la nuit. L’exemple fourni en introduction met parfaitement en lumière ce souci.
De plus, le système a été la cible de cyberattaques. En 2017, une faille a été trouvée dans le système des voitures Tesla et a permis à Jason Hughes, un hacker, de prendre le contrôle d’une voiture de la marque juste avec son numéro d’identification. C’est un serveur nommé MotherShip, utilisé par Tesla pour interagir avec ses véhicules, qui a été l’origine de cette faille. Grâce à cette dernière, Jason a réussi à faire avancer la voiture de quelques mètres. Même Elon Musk dit « si quelqu’un était capable de pirater toutes les Tesla autonomes, ce serait la fin de Tesla ». Cela montre une certaine fragilité du système vis-à-vis des personnes qui peuvent s’y attaquer.
L’entreprise se remet en question perpétuellement et essaie au maximum de se renouveler et de trouver des nouvelles solutions.
En interne, afin de résoudre partiellement ou complètement les problèmes évoqués précédemment; l’entreprise Tesla va mettre en place de nouvelles mesures. Ainsi Tesla renforce la technologie d’IA qui gère le système Autopilote. L’entreprise a annoncé le 19 août 2021 qu’elle construisait un super-ordinateur à l’aide de puces personnalisées. Ce super-ordinateur permettra d’entraîner le système d’IA de Tesla à reconnaître les objets visibles dans les flux vidéo collectés par les caméras des voitures Tesla.
En plus de cela Tesla a récemment annoncé qu’elle avait commencé à utiliser des caméras internes pour surveiller l’attention des conducteurs et les alerter lorsqu’ils sont inattentifs. Ils informent leurs conducteurs de leurs axes d’amélioration qui permettraient une amélioration globale de ce type de voiture.
Ainsi comme le dit Tesla sur son site: “Certaines fonctionnalités requièrent l’activation des clignotants et ont une portée limitée. L’activation et l’utilisation future de ces fonctionnalités sans surveillance dépendent d’une fiabilité prouvée par des milliards de kilomètres de test pour être significativement supérieure à celle des conducteurs humains, ainsi que de l’approbation réglementaire, dont l’obtention peut être plus longue dans certains pays. Au fur et à mesure de l’introduction de ces fonctionnalités de conduite autonome, votre véhicule sera en permanence mis à niveau par le biais de mises à jour logicielles à distance.” Donc Tesla va travailler sur plusieurs axes d’amélioration internes qui permettront peut-être un jour de rendre la voiture autonome “parfaite”.
En ce qui concerne les éléments externes à l’entreprise, le gouvernement français explique les régulations qui seront mises en place pour préparer l’arrivée des voitures autonomes. Il décrit également la stratégie nationale qui sera instaurée. Un des points majeurs de cette stratégie sera de déployer un haut niveau de sécurité pour les voitures autonomes. L’acceptabilité des véhicules automatisés conditionne son développement et ne doit pas être considérée comme acquise.
En effet, le gouvernement a lancé une autre enquête sur les voitures autonomes en 2019, qui a été rendue publique en 2021, et formule des recommandations sur les dispositions éthiques pour le développement de ces véhicules.
Une progression encore bien longue pour l’autopilote Tesla avant de se retrouver au sein de tous les foyers. Mais n’oublions pas que c’est une nouveauté technologique qui a débuté que depuis quelques années…
Bien que cette nouvelle avancée technologique ait encore quelques axes d’amélioration pour garantir la sécurité de ses passagers mais également de tous, l’autopilote Tesla reste une réelle avancée dans le monde de l’automobile. Sept ans d’âge pour une nouvelle technologie n’est que le début de son développement.
Une importante marge d’amélioration est à espérer. L’autopilote Tesla est une technologie qui a su montrer ses points forts. Comme toute innovation technologique, elle a essuyé de nombreuses critiques, certes légitime. Une importante marge d’amélioration est donc à espérer.
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